Chaussures allergisantes : ne classons pas l’affaire trop vite !

Publié le par mandy et catherine

Extrait d'un article dans 60 millions de consommateurs - 23 février 2009

Depuis le 10 décembre 2008, les magasins de chaussures ont l’interdiction de commercialiser en France des chaussures ou des bottes contenant du diméthylfumarate. Cette substance destinée à lutter contre les moisissures cause de graves allergies, pouvant aller de l’eczéma à l’infection pulmonaire. Malgré l’arrêté d’interdiction, force est de constater que les souliers contaminés continuent de faire de nouvelles victimes.

Démangeaisons, brûlures… toujours les mêmes symptômes

Nous recevons chaque semaine de nouveaux témoignages. Le 19 janvier 2009, Fabienne nous écrit : «j'ai acheté des bottes la semaine dernière à la Halle aux chaussures et après quelques jours, des démangeaisons sont apparues puis des brûlures. Je me suis rendue à l'hôpital, et le médecin m'a dit que cela venait des bottes».

Après plusieurs réclamations, Fabienne réussit à obtenir un avoir du magasin. «Les mêmes bottes que celles que j’ai achetées sont toujours en rayon», remarque-t-elle. Le directeur général de la Halle aux chaussures (groupe Vivarte), Claude Buffard -que nous avions déjà interrogé en novembre dernier sur le sujet- n’a pas souhaité s’exprimer sur ce nouveau cas.

Le 4 février, une autre consommatrice accuse une enseigne du même groupe. «La semaine dernière, j'ai acheté une paire de bottes chez Besson, explique-t-elle. Je les ai portées deux jours consécutifs, le 3e jour j'ai eu le pied gauche qui me démangeait […]. Œdème du pied gauche, très grosse ampoule entre le gros orteil, brûlures sous et sur le pied qui remontent jusqu'à la cheville».

Les bottes en question étaient étiquetées «made in Ukraine». Mais le directeur des achats chez Besson, M. Rogues, est formel : «Nous avons reçu en tout une douzaine de réclamations. Mais aucune des analyses effectuées par nos fabricants n’a révélé la présence de DMF».

L’ampleur de la crise reste difficile à évaluer

Ces témoignages sont-ils simplement des cas isolés ou bien la partie visible de l’iceberg ? Difficile à dire vu le flou qui règne autour de cette affaire.

Fin novembre 2008, les centres antipoison et de toxicovigilance recensaient 34 signalements d’allergie au DMF dont 17 liés au port de chaussures (l’autre moitié était liée à la possession d’un canapé ou d’un fauteuil -voir notre encadré). Et aujourd’hui ? L’Institut de veille sanitaire (InVS) ne publiera des données que dans plusieurs semaines.

De son côté, la DGCCRF a reçu entre 70 et 80 plaintes (chaussures ou canapés) et procédé à une cinquantaine d’analyse, principalement sur des lots de chaussures. La moitié de ces prélèvements ont révélé la présence de DMF. Une trentaine de produits sont encore en cours d’analyse, explique la Répression des fraudes, qui a par ailleurs contrôlé quelque 300 professionnels (grandes enseignes, petits détaillants, grossistes).

Le recueil des plaintes est quant à lui lacunaire. Lorsqu’il soupçonne une allergie liée au DMF, le médecin est censé orienter son patient vers les centres antipoison, lesquels peuvent vérifier que le DMF est bien en cause. Mais tous les médecins ne respectent pas cette procédure, comme en attestent plusieurs de nos témoins.

Des consommateurs insuffisamment informés

L’information des clients paraît elle aussi insuffisante. En janvier, les magasins Gemo (groupe Eram) ont décidé de rappeler trois modèles de ballerines fabriquées en Malaisie et contaminées au DMF. Laurence Pailloux, responsable juridique du groupe, explique que ce rappel a été décidé après la survenue d’une allergie chez deux clientes.

Déjà en novembre dernier, Gemo avait retiré de ses rayons 14 modèles contaminés au DMF. Mais les magasins n’ayant pas reçu de plainte, aucun rappel n’avait été réalisé auprès des clients. Drôle de politique que celle d’attendre que les clients ne puissent plus marcher pour lancer un signal d’alerte…

Une substance interdite dans toute l’Europe

Depuis décembre, les autorités ont renforcé les contrôles sur les chaussures importées, que ce soit à la douane, chez les grossistes ou dans les magasins. Mais les moyens déployés sont-ils suffisants ?

Si les sachets de DMF placés dans les boîtes de chaussures peuvent être repérés et facilement analysés, l’affaire devient plus compliquée lorsque le DMF a été directement pulvérisé sur le cuir ou lorsque le sachet a été retiré du carton. Rappelons que le DMF est très volatil et imprègne tout ce qui l’entoure. Dans certains cas, l’antifongique serait même diffusé à l’intérieur du conteneur et non dans les cartons.

Le 29 janvier 2009, la Commission européenne a décidé d’interdire l’importation de meubles et chaussures contenant du DMF dans toute l’Union européenne. Laurence Pailloux estime que cette interdiction européenne devrait permettre aux distributeurs de faire vraiment pression sur leurs fournisseurs asiatiques. Le consommateur n’en attend pas moins…

 

Publié dans Santé

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C
<br /> Bonsoir, je vous comprends parfaitement, dès lors que ce produit est maintenant interdit. Vous devez sans tarder en informer la DGCCRF de votre région ; ou sur internet www.dgccrf.bercy.gouv.fr/.<br /> Cordialement<br /> <br /> <br />
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S
<br /> début septembre 2009, j'ai acheté une paire de chaussures dans une boutique du CAP d'agde. Boutique tenue par des asiatiques et sur la boite de chaussures la provenance était bien indiquée : la<br /> CHINE.<br /> je les ai porté une soirée. Le lendemain, je me suis aperçue que j'avais une énorme cloque sur un orteil du pied gauche. J'ai pensé que c'était une ampoule. Mais après plusieurs jours, la cloque<br /> était visible sur tout l'orteil; de plus, l'orteil avait viré au rouge foncé.<br /> Je suis allée chez le médecin qui était perplexe. il a précisé que cela ressemblait à une brulure. Cela fait deux semaines que je me soigne (dont une semaine sous antibiotiques) et une infirmière<br /> que refait tous les jours le pansement avec du tulle gras et de la fucidine. La brulure commence seulement à sécher; Je trouve inadmissible que la France ne contrôle pas mieux les importations en<br /> provenance de CHINE. c'est honteux de laisser commercialiser ces produits dangereux pour notre santé.<br /> <br /> <br />
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